Ces dispositifs photographiques/vidéos installés dans la jungle permettent des observations exceptionnelles. Les données générées par le projet telles que le nombre de jaguars détectés, leur sexe, leurs zones de déplacement, l'observation de comportements peu/pas documentés, l'abondance de proies, ou même la découverte de nouvelles espèces, sont partagées avec les autorités de protection de l'environnement, les biologistes et les chercheurs concernés.
Par exemple, grâce à l'une de nos camera traps, la présence inhabituelle d'un coyote sur la péninsule d'Osa a pu être documentée, sujet d'un article paru en 2020 dans la Revista Mexicana de Mastolozoología. Les données du projet ont également été utilisées dans le premier ouvrage scientifique de MAPCOBIO qui a été le premier à répertorier tous les travaux et données collectées par le biais de pièges photographiques depuis 1998 jusqu'en 2015 au Costa Rica.
En 2018, le projet a reçu un certificat de reconnaissance du ministre de l'Environnement et de l'Énergie Costaricain pour nos travaux sur les jaguars de la péninsule d'Osa. Plusieurs autres articles d'importance sont en cours de révision et seront publiés prochainement !
L'Ombre d'or est construit autour de la traque des derniers jaguars d'Osa et de l'ambition de tous les photographier de la manière la plus esthétique possible. Afin de montrer les différents visages de la péninsule d'Osa, le processus artistique a été pensé comme plusieurs scénarios se déroulant dans les différents écosystèmes de ce paradis tropical. De par sa dimension immersive, cette œuvre aspire à transporter le spectateur de l'autre côté de ces cadres sauvages afin de créer une reconnexion avec le monde vivant.
Le projet s'articule autour de 3 dimensions :
Comme trouver un jaguar n'est pas une tâche facile, il est essentiel de comprendre comment cette créature invisible se déplace et ce qu'elle recherche. Au-delà du travail de terrain et des connaissances scientifiques, c'est l'intuition qui est la clé de cette traque. Penser comme un jaguar peut amener à trouver son chemin. Une fois celui-ci découvert, un studio photographique autonome y est installé et est déclenché au passage des animaux. Obtenir la photographie rêvée est dès lors une question de persévérance de temps et de chance.
Dans la nature, les choses se passent rarement comme prévu. S’il est extrêmement difficile de photographier un jaguar, il l’est encore plus d’obtenir le résultat espéré. Les étapes pour y parvenir sont compliquées, risquées, longues, techniques, et seul un effort sans relâche ainsi qu’une grande patience permettent d’y parvenir :
Trouver un cadre esthétique où le jaguar passe régulièrement :
Cette phase de repérage prend généralement plusieurs mois et nécessite des moyens matériels et humains considérables afin d’explorer des zones reculées, de sélectionner des lieux stratégiques et d’y installer des camera traps en espérant qu'un jaguar apparaisse.
S’assurer qu’il n’y a pas de passage de braconniers ou d’orpailleurs :
Ces activités étants illégales, il est fréquent que des malfaiteurs cherchent à détruire le matériel afin d’éliminer des images compromettantes. Une période d’observation est donc toujours respectée afin de diminuer les risques.
Installer le studio :
Une fois un lieu validé, place au déploiement du studio photographique autonome. Celui-ci est composé d’un appareil photo de très haute définition placé dans un caisson étanche, de plusieurs flashs, de détecteurs de mouvement, et est actif 24h/24.
Photographier le jaguar dans la bonne position, le bon sens, au bon endroit et au bon moment :
Cette étape est la plus longue et la plus incertaine de toutes. Des milliers d’images, la plupart inexploitables, sont prises au fil du temps avant de parvenir un jour, au résultat final.
Être capable de différencier les jaguars les uns des autres permet de les identifier en tant qu'individus, d’estimer leur nombre, de suivre leurs déplacements au fil du temps et de connaître leur état de santé.
Il existe plusieurs techniques permettant d’y parvenir :
La reconnaissance par les taches :
Comparaison de la disposition et de la forme des taches qui sont propres à la robe de chaque jaguar.
La reconnaissance par les marques de vie :
Queue cassée, oreille coupée, membre manquant, œil crevé, cicatrice, handicap, coloration particulière, etc.
La reconnaissance génétique:
Collecte d’excréments et de poils sur le terrain ou encore prise de sang ou test salivaire lors de la capture d’un individu.
La reconnaissance par les taches (aussi appelées rosettes) est la plus utilisée car elle est applicable pour les individus ne présentant pas de marques de vie et ne nécessite pas de contact direct avec l’animal. Prenons l’exemple de Shāhdosa, un mâle adulte qui n’a jamais été capturé et ne présente pas de marques de vie particulières, dont le suivi a été possible grâce à la reconnaissance de ses taches. L’une d’elles, en forme de «S», située sur son flanc droit, est facilement identifiable. ll est important de préciser que les motifs ornant les deux côtés du pelage ne sont pas symétriques.
Au fil des années, de la péninsule d'Osa à la Cordillère de Talamanca, plusieurs individus ont été repérés, identifiés et suivis grâce à notre réseau de camera traps. Avec plus de 200 détections de jaguars, les précieuses informations recueillies mensuellement enrichissent en permanence notre base de données et sont partagées avec les autorités de protection de l'environnement ainsi que la communauté scientifique.
En photographiant le fauve le plus impressionnant d'Amérique, l'objectif est de créer un impact émotionnel destiné à changer la perception de chacun sur la façon dont la vie sauvage est liée à notre environnement. Tout comme les forêts primaires vieilles comme le monde, le jaguar est l'incarnation de la rareté, du mystère, de la beauté et de l'imprévisibilité faisant de lui le plus remarquable des ambassadeurs.
L'Ombre d'or vise à établir un lien entre les humains vivant déconnectés de la nature, concentrés sur leur quotidien, et le monde sauvage avec l'art comme porte d'entrée. Il est essentiel de toucher un maximum de personnes, des acteurs locaux vivant à quelques mètres de la forêt, aux populations urbaines via les réseaux sociaux, afin de déclencher une prise de conscience et d'initier des changements significatifs et positifs sur le long terme.
En plus de sensibiliser à la conservation, Tico's Wild Studio est devenu un acteur majeur concernant le suivi des jaguars au Costa Rica, alimentant de nombreuses études et articles grâce aux données fournies aux scientifiques et biologistes.
La prochaine étape de notre action de conservation est la création d'une réserve naturelle qui sanctuarisera le principal point de passage de jaguars de la péninsule d'Osa et sa biodiversité. Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.lasoncas.com
Une fois la scène tant attendue immortalisée, le but est atteint. Chacune de ces photographies est un nouveau chapitre de cette odyssée et raconte une partie de l'histoire de la péninsule d'Osa, faisant de L'Ombre d'or un hommage artistique aux jaguars et à leur habitat naturel.
Le cadre, dont tous les éléments sont importés du Costa Rica, fait partie intégrante de l'œuvre. Le bois est teinté de noir pour symboliser le néant vers lequel le monde sauvage est emporté. L'or représente le fil de vie et l'espoir qui subsiste, incarné par le jaguar.
Ce lieu, tenu secret, se trouve en haut d’une montagne inaccessible et oubliée de la péninsule d’Osa. La jungle qui la recouvre appartient à un écosystème rarissime : les forêts de nuages de basse altitude. Attirés par sa couverture forestière, sa topographie et son isolement, plusieurs jaguars empruntent ce passage comme une voie par laquelle ils transitent régulièrement. C’est ainsi que son nom s’est imposé. Dense et impénétrable, l’avenue Jaguar ne cesse de surprendre et dévoile ses mystères au fil du temps.
Comme s’il savait qu’il était attendu, il apparaît finalement, porté par la brume, aux premières lueurs du jour. Sa gueule balafrée montre les cicatrices de son histoire. Sûr de lui, il avance d’un pas déterminé vers son futur. Ce maître du temps vient de figer ce moment pour l’éternité, devenant, d’une certaine manière, immortel.